22/04/2025 francesoir.fr  7min #275704

 La France pourrait reconnaître l'État de Palestine «en juin», annonce Macron

Macron en géopolitique : l'art de l'incohérence assumée. Un pas en avant deux en arrière, le mambo permanent (1)

Xavier Azalbert, France-Soir

Macron en géopolitique : l'art de l'incohérence assumée. Un pas en avant deux en arrière, le mambo permanent (1)

Emmanuel Macron, empêtré dans un marasme intérieur, mise sur la scène internationale pour sauver la face. Mais ses pirouettes diplomatiques, marquées par des revirements abrupts et des échecs cuisants, trahissent une vérité crue : sa politique étrangère est un bricolage incohérent. Le dernier acte en date ? Une volte-face spectaculaire sur la tragédie de Gaza, où le président passe d'un soutien affiché à Israël à une compassion tardive pour les Palestiniens, sans jamais dissiper le parfum d'opportunisme.

Il y a encore peu, Macron alignait la France sur un soutien ferme à Israël, dans le sillage des positions occidentales post-7 octobre 2023. Pourtant, le 8 avril 2025, de retour d'un voyage en Égypte, le voilà qui, en chemise décontractée, dans l'avion présidentiel, joue la carte de l'émotion : « L'au-delà de la douleur »,lâche-t-il, décrivant le calvaire de Gaza . Quelques heures plus tôt, il pressait Abdel Fattah Al-Sissi de « ne pas lâcher sur Gaza ». Hier va-t-en-guerre, le président appelle désormais à un cessez-le-feu de 40 à 50 jours, à la libération d'otages et à des négociations avec le Hamas. Ce revirement théâtral, orchestré sous les projecteurs, pue la manœuvre politicienne. Qui peut y voir autre chose qu'une tentative de surfer sur l'indignation mondiale face à une catastrophe humanitaire ?

Ce faux pas n'est qu'un épisode de plus dans une diplomatie macronienne qui collectionne les déroutes. Macron rêvait d'une coalition contre le Hamas : raté. Il a voulu peser au Liban en tissant des liens controversés : échec total. En Afrique, ses discours donneurs de leçons ont été accueillis par un mépris glacial. Ses grandes tirades sur l'Ukraine, jurant que Poutine « ne devait pas gagner », sont restées des mots en l'air. Ses clins d'œil maladroits à l'Algérie, jouant la carte anticoloniale, n'ont fait qu'attiser les tensions.

Et maintenant, il s'épanche sur une reconnaissance d'un État palestinien en juin 2025. Est-ce une nouvelle sortie sans suite afin de semer la confusion ? Un vœu pieux, voué à s'écraser sur le mur des réalités géopolitiques ?

À l'intérieur, la gestion des finances publiques frise le scandale. Les nominations de fidèles à des postes dorés – Jean Castex à la RATP avec 38 500 euros mensuels, Pierre Moscovici à la Cour des comptes avec plus de 40 000 euros net – incarnent une déconnexion sidérante. Moscovici, qui a contribué à creuser la dette colossale de 3 600 milliards d'euros, trône désormais à la tête de l'institution censée prôner la rigueur budgétaire. Le culot est monumental. Et que dire de François Bayrou, qui a l'audace d'accuser les Français d'avoir « choisi » cet endettement ? Selon lui, c'est la société tout entière qui vit à crédit. Une rhétorique ahurissante, venant d'un vétéran d'un système qui alourdit la dette de 130 milliards avec la loi de finances 2025. Pendant ce temps, les Français triment, tandis que leurs dirigeants se drapent dans des sermons sur l'austérité, sans bien sûr vouloir contribuer à l'effort national à titre individuel.

Et d'ailleurs  sans non plus prendre en considération le fait que 96 % des Français estiment que « pour réduire les déficits budgétaires, il faut commencer par réduire les dépenses gouvernementales » !

Et pour cause,  si Bayrou venait à enfin écouter les Français, il apprendrait que 93 % pensent que « les dépenses gouvernementales sont remplies de gaspillage, de fraude et d'inefficacité ».

Sur le conflit israélo-palestinien, le débat français est miné par des raccourcis douteux. En amalgamant critique d'Israël et antisémitisme, Macron et ses alliés embrouillent les esprits. Dans un discours au Grand Orient de France, le président  a décrété que « s'en prendre à un juif, c'est attaquer la République ». Une formule qui insinue une hiérarchie entre citoyens et jette de l'huile sur le feu. Ce tour de passe-passe permet d'éluder une question brûlante : pourquoi la communauté internationale, alertée en temps réel sur la tragédie de Gaza, ferme-t-elle les yeux ? La  Cour internationale de Justice (CIJ), dès janvier 2025, a tiré la sonnette d'alarme.  Saisie par l'Afrique du Sud, elle a ordonné à Israël de prendre des mesures immédiates pour prévenir tout acte susceptible de violer la Convention sur le génocide, tout en exigeant un accès accru à l'aide humanitaire pour les civils de Gaza. Ce verdict, loin d'être anodin, souligne le risque d'une catastrophe humanitaire d'ampleur, en d'autres termes, un génocide. Pourtant, les injonctions de la CIJ restent lettre morte, et les appels à l'aide pour Gaza se heurtent à l'inaction, Macron en tête, qui se contente de postures sans suite.

Même dans son camp, des voix commencent à vaciller. Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et fidèle macroniste,  a admis, du bout des lèvres, que son « soutien inconditionnel » à Israël après le 7 octobre était une erreur de formulation. Un mea-culpa timide, qui ne saurait effacer la complaisance face à un drame humanitaire.

Car à Gaza, les civils – parqués, affamés, bombardés – subissent une horreur qui évoque les pages les plus noires de l'histoire, comme la destruction du ghetto de Varsovie. Qui peut tolérer un tel retour de l'inhumain, quelle que soit l'ethnie concernée ?

Et les voltefaces de Macron ne s'arrêtent pas là. Sur l'Ukraine, où il clamait hier que Poutine « ne devait pas gagner », un revirement se dessine. Une brèche s'est ouverte avec 𝕏 l'intervention de Luc Ferry sur LCI, relayée par France Soir. L'ancien ministre a osé déclarer que l'Ukraine portait une responsabilité dans le conflit dès 2014, pointant la guerre du Donbass comme un déclencheur.

UKRAINE : Quand Luc Ferry donne sa position et un cours d'histoire sur  @LCI.
Sous-titres par  @france_soir  pic.twitter.com/7RwL8VSIRA

— Xavier Azalbert FreeSpeech 🇧🇷 🇫🇷 (@xazalbert) 𝕏 April 15, 2025

Une sortie qui fissure le récit officiel et pourrait préfigurer un nouveau changement de cap de Macron, sous la pression d'une opinion publique lassée des promesses belliqueuses non tenues. La tension monte d'ailleurs sur ce dossier :  une résolution citoyenne, portée par des militaires, et signée par plus de 7 000 citoyens, exige désormais transparence et vote parlementaire sur l'engagement français en Ukraine, dénonçant l'opacité des décisions prises en haut lieu. Ce mouvement, adressé le 17 avril 2025 aux présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, traduit une défiance croissante envers une politique étrangère qui joue avec les nerfs du pays.

Il est temps de briser le silence. Les dirigeants, qui agitent l'antisémitisme ou les narratifs guerriers pour museler les critiques, doivent cesser ce jeu cynique. La France, autoproclamée patrie des droits humains, a le devoir d'ouvrir un débat franc, sans tabous ni anathèmes, qu'il s'agisse de Gaza ou de l'Ukraine.

Car seule la clarté peut mener à une action collective pour stopper ces cauchemars. Macron, lui, continue de slalomer entre ses contradictions, mais le monde – et les Français – n'ont que faire de ses pas chassés.

1) dans le mambo est une danse de salon née à Cuba dans les années 40. Et son pas de base consiste en ceci : le danseur effectue un pas en avant avec le pied gauche, revient au centre, puis recule avec le pied droit, et revient de nouveau au centre. Et la danseuse réalise ces mouvements en miroir.

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